Bruxelles 22/12/23 04:01 (BELGA) Dans les rues belges, 95% des femmes indiquent se sentir parfois en danger, selon une enquête publiée vendredi et réalisée auprès de 1.000 femmes par l'initiative internationale Stand Up Against Street Harassment, menée par Right to Be et L'Oréal Paris, en collaboration avec l'association belge Touche Pas À Ma Pote, qui lutte contre le harcèlement de rue à l'encontre des femmes. "Tout le monde a le droit de se déplacer librement sans crainte", rappelle Bea Ercolini, la fondatrice de l'asbl.
Les femmes sont 15% à se sentir rarement ou jamais en sécurité dans l'espace public en Belgique. En Wallonie, ce chiffre monte à 23%.
Elles sont 83% à dire avoir déjà été harcelées dans les rues du plat pays et 80% à avoir été témoins de ces faits. Une sur trois déclare y recevoir régulièrement des remarques ou des commentaires insultants sur son apparence. En Wallonie, la violence verbale et le harcèlement touchent près d'une femme sur quatre. En Flandre, c'est un peu plus d'une femme sur dix.
Une femme sur cinq a déjà été suivie dans la rue en Belgique et une sur trois à Bruxelles.
Si les femmes de moins de 34 ans sont les plus confrontées à ces situations, les chiffres restent problématiques pour les groupes d'âge plus élevés.
Pour tenter d'échapper au harcèlement de rue, 90% des femmes changent leurs comportements. Pour les moins de 34 ans, ce chiffre atteint 97%. "Les précautions les plus courantes consistent à éviter des lieux et des heures spécifiques, à prendre d'autres moyens de transport, à adapter leur style vestimentaire, à parler à quelqu'un au téléphone ou à marcher plus vite", pointe l'enquête. Certaines portent des objets en guise d'armes, comme des sprays au poivre, des couteaux ou encore des poings américains déguisés en porte-clés ou en produit de beauté. Aussi, 42% des Bruxelloises et 32% des femmes belges gardent leurs clés en main pour se prot éger.
En Flandre, les femmes sont moins susceptibles d'agir lorsqu'elles sont témoins de harcèlement de rue (67%) qu'en Wallonie (53%) et à Bruxelles (50%), notamment par crainte pour leur propre sécurité. Pour donner des clés sur comment réagir de manière ciblée aux victimes et témoins de harcèlement de rue, Touche Pas À Ma Pote et L'Oréal Paris proposent la formation en ligne gratuite "Stand Up Against Street Harassment". Des sessions de formation en groupe sont aussi organisées par Touche Pas À Ma Pote. La technique des 5Ds de Hollaback (Diriger, Distraire, Déléguer, Documenter, Dialoguer) est notamment mise en avant.
"Ces chiffres stupéfiants soulignent le besoin urgent d'interventions ciblées et d'efforts concertés pour créer une sphère publique plus sûre et plus respectueuse des femmes", insiste l'enquête.
Les femmes belges attendent davantage d'actions de la part des organismes officiels. Plus de la moitié des victimes de harcèlement de rue à Bruxelles et en Wallonie, et un peu moins de la moitié en Flandre, n'ont pas porté plainte après les faits, considérant que cela ne servait à rien. Plus de 90% des femmes pensent que la police et les autorités devraient accorder plus d'attention à ce problème et proposer des solutions. Elles attendent également des sanctions judiciaires plus sévères pour dissuader les contrevenants potentiels. Si depuis 2014, le harcèlement de rue est punissable dans toute la Belgique et les auteurs risquent des amendes de 50 à 1.000 euros et des peines d e prison d'un mois à un an, elles sont principalement infligées aux personnes qui insultent la police.
Afin de sensibiliser à la problématique, des guirlandes de Noël aux motifs consacrés au harcèlement de rue seront suspendues rue du Jardin Botanique, à Saint-Josse-ten-Noode, à partir de vendredi. L'installation en cinq parties, qui témoignera de ce que vivent les femmes au quotidien dans l'espace public, se terminera par le message lumineux: "All I want for Christmas is safer streets" (Tout ce que je veux pour Noël, ce sont des rues plus sûres). Une opération de l'asbl Touche Pas À Ma Pote, en partenariat avec "Stand Up Against Street Harassment", alors que "depuis plusieurs années, l'éclairage public reste de plus en plus fréquemment éteint, pour faire d es économies et pour lutter contre la pollution lumineuse. Une bonne initiative en soi, mais qui alimente le sentiment d'insécurité des femmes", rappelle l'enquête.
Comments